Principe du traitement proprioceptif

Le Pr Roll disait de la proprioception qu’elle est « le sens premier », le sens qui nous permet de nous percevoir nous-même sans avoir recours à la vision. Il est à la base de l’image proprioceptive que se constitue le cerveau de notre corps, grâce à nos actions, nos mouvements (cortex somatosensoriel et moteur), à la base de notre schéma corporel.

Quand il y a une dysfonction proprioceptive ou dysproprioception, le schéma corporel est biaisé et des conflits sensoriels apparaissent. Le Pr Berthoz (Collège de France) explique très bien dans des vidéos qu’on peut trouver sur le Net, l’importance d’une perception unifiée et notamment de la congruence des informations du système vestibulaire et de la proprioception. Quand la proprioception dysfonctionne, des conflits sensoriels trop nombreux vont venir perturber la mise en place de certaines connexions neuronales, ayant ainsi un impact sur le neurodéveloppement.

En reprogrammant la proprioception à l’aide de « leurres proprioceptifs » ou stimulations proprioceptives, on fait disparaître les conflits sensoriels, ce qui va permettre à certaines connexions neuronales de se mettre en place grâce à la plasticité cérébrale. En cas de dysfonction proprioceptive, agir sur un capteur unique ne suffit jamais ; il faut, après un examen clinique minutieux, prendre en charge tous les capteurs qui dysfonctionnent (œil, pied, bouche).

A titre d’exemple, le podologue va modifier la perception du sol à l’aide de fines stimulations à différents endroits des semelles, ce qui va entraîner une adaptation posturale et donc une modification du tonus musculaire. Ces nouvelles informations proprioceptives, le tonus musculaire apportant au cerveau l’information proprioceptive grâce à des mécanorécepteurs situés dans les muscles et fonctionnant comme des petits ressorts, vont permettre la reprogrammation au niveau central de l’image proprioceptive du corps, si les stimulations proprioceptives sont données de manière continue et sur du long terme (cf. plasticité cérébrale).

Si le traitement n’est pas suivi correctement, les semelles et lunettes non portées régulièrement, cette reprogrammation ne pourra se faire. Voilà, très rapidement décrit, le principe général du traitement proprioceptif. Il est inutile de s’engager dans ce traitement si le principe n’en est pas compris et si le patient n’est pas prêt à en accepter les « contraintes » (notamment port des lunettes et des semelles permanent).

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