Je vous invite à découvrir cet article de France Culture qui nous explique que depuis une vingtaine d’années, les scientifiques estiment qu’il existe plus que les 5 sens connus depuis Aristote ; il explore un à un ces quatre autres sens en passant par la proprioception :
La Proprioception : savoir où se situent nos propres membres
C’est certainement le sens supplémentaire identifié le plus tôt. Dès 1906, le physiologue anglais Charles Sherrington propose ce terme, que d’autres scientifiques avaient qualifié de « sens musculaire » ou « sens kinesthétique » . Il désigne notre capacité à identifier l’emplacement de nos propres membres. « La proprioception c’est la capacité que nous avons à détecter la position de certains membres de notre corps, précise François Le Corre. Par exemple quand vous voulez ouvrir une porte, vous allez devoir ouvrir votre main d’une certaine manière, exercer une certaine force, etc… Cette détection d’informations de type proprioceptif n’est que rarement consciente, et c’est peut-être pour cette raison d’ailleurs que nous avons longtemps ignoré ce sens. »
Ce billet nous fait ensuite découvrir la multisensorialité :
Extrait de cet article :
Depuis une vingtaine d’années, les scientifiques ont remis en question cette définition des sens. Ils estiment qu’il existe d’autres sens, qui ne seraient pas des sens externes, comme ceux identifiés par Aristote, mais internes. Docteur de l’université Pierre et Marie Curie, François Le Corre a réalisé une thèse intitulée Distinguishing the senses: Individuation and classification(Distinguer les sens : individuation et classification) :
A la suite de travaux en neurosciences et en psychologie cognitive, on a découvert l’existence de neurones dits multisensoriels, et on a réalisé que l’expérience que nous avons de notre monde, ou de notre environnement direct, n’est pas unisensorielle mais bien plutôt multisensorielle, et ce de façon systématique. On a découvert notamment que la perception auditive pouvait être fortement influencée par la perception visuelle, ou encore que la perception auditive pouvait influencer notre perception gustative.
Ainsi, si dans un environnement bruyant nous sommes capables de comprendre ce que la personne face à nous raconte malgré le bruit ambiant, c’est parce que nous la regardons au niveau des yeux ou du visage : l’information auditive va être complétée par ce que l’on voit.
Enfin, cet article se termine en expliquant que certains chercheurs proposent une hypothèse selon laquelle il n’existerait qu’un seul sens, général, compte tenu de l’existence de neurones multisensoriels. Et dans ce cas, la séparation des sens ne serait, finalement, plus légitime.
L’article dans son intégralité :
Ces quatre sens que vous ne connaissez pas
S’agissant de multisensorialité, on peut mettre cet article en lien avec les découvertes portant sur le colliculus supérieur, structure primaire du cerveau d’analyse multi-sensorielle :
Neurones multisensoriels dans le colliculus supérieur
Les couches profondes du cs contiennent des neurones unimodaux répondant à des stimuli visuels, auditifs ou somesthésiques, et des neurones bi- ou tri-modaux qui répondent à des stimuli de deux ou trois modalités sensorielles différentes. Chacun de ces neurones multisensoriels possède plusieurs champs récepteurs dévolus aux différentes modalités auxquelles il est sensible. Il n’existe pas de correspondance stricte entre ces différents champs récepteurs mais, quelle que soit leur modalité, des stimuli issus de la même source spatiale activent des neurones situés dans la même région du cs (Kadunce et al., 2001)
Le colliculus supérieur est d’ailleurs un élément important du capteur oculaire postural et considéré comme un des centres de la régulation motrice œil-tête. Dans une de ses premières études datant de 2005, il y a 13 ans déjà, le Dr Quercia (Chercheur associé – Unité INSERM U1093 Cognition Action et Plasticité Sensorimotrice) écrivait à son propos :
Les relations qui unissent le noyau trigéminal au colliculus supérieur sont probablement tout aussi essentielles. Le colliculus supérieur est en effet le lieu où se rencontrent les données sensitives de la proprioception des muscles oculomoteurs, les données sensorielles de la voie visuelle accessoire et du cortex visuel, mais aussi des informations somato-sensorielles et auditives. C’est la « centrale » qui contrôle la direction des saccades oculaires en fonction de la représentation de l’espace environnant «
Bref, s’agissant de sensorialité, il ne faut donc plus raisonner en cloisonnant les sens un par un, mais raisonner de manière plus globale, multisensorielle. Or, nous savons que c’est la proprioception qui permet l’intégration multisensorielle, car c’est elle qui nous permet de situer la position de nos organes sensoriels dans l’espace et qui fait le lien entre tous les capteurs de notre relation au monde. Alors, pour que notre système sensoriel soit efficace, il vaut mieux que notre proprioception le soit aussi !