
L’attention s’est imposée depuis une dizaine d’années comme un objet de recherche dans le champ des sciences sociales ou des neurosciences. Les invités de la Tête au carré nous expliquent que l’attention est toujours une interaction avec notre environnement.
- Jean-Philippe Lachaux Directeur de recherche Inserm au Centre de recherche en neurosciences de Lyon
- Yves Citton Professeur de littérature et media à l’Université Paris 8, co-directeur de la revue Multitudes
L’ensemble de l’émission est très intéressant et nous amène à une réflexion sur notre société, mais nous nous intéresserons plus particulièrement à un passage très en lien avec la proprioception.
En effet, le Pr Lachaux nous parle (à 33 min 10) de l’existence d‘un système pré attentionnel qui scanne en permanence notre environnement pour nous rendre attentif à ce qui est important. Le système attentionnel est précédé par ce système pré-attentionnel et par conséquent l’attention est toujours sélection : nous ne percevons pas tout en même temps et nous pouvons donc passer à côté de choses très importantes à cause de cette sélectivité.
Quant au Pr Citton (à la 51 ème min), il nous explique que nous ne pouvons pas ne pas regarder quelque chose qui bouge. En effet, notre cerveau nous dit, depuis des milliers d’années, que ce qui bouge peut être une menace, et donc notre attention et obligatoirement attirée par une cible mouvante (d’où le danger des panneaux publicitaires qui bougent).
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Dans le même ordre d’idée, Christophe André, psychiatre et spécialiste de la méditation, nous rappelle la théorie de l’attention à 1 min 11 sec. Lui aussi nous explique que notre attention est naturellement attirée par tout ce qui bouge et qui change, ce qu’on appelle des cibles mouvantes (comme les flammes d’un feu ou les vagues de l’océan). Il nous explique aussi que prêter attention à sa respiration est un très bon exercice pour recentrer son attention (tiens, un intérêt de plus pour les exercices respiratoires du traitement proprioceptif ?) :
Or, nous sommes bien là au cœur de la proprioception, car ce sont les stimuli captés par la rétine périphérique qui informent, de manière totalement inconsciente (notamment, via le colliculus supérieur), notre cerveau de l’existence d’un mouvement qui apparaît dans notre champ visuel , afin de provoquer une réaction motrice :
- Si une image pénètre lentement dans notre champ visuel, nous dirigeons alors notre regard, et donc notre attention, vers ce centre d’intérêt pour que l’image que nous souhaitons identifier arrive sur la rétine centrale (fovéa) qui permet une plus grande résolution.
- Si l’image d’un objet rentre dans le champ visuel périphérique, elle peut être perçue comme un danger si la variation de contraste est importante et le déplacement rapide. Elle provoque alors une réaction motrice d’évitement.
Ce système pré-attentionnel, dont nous n’avons absolument pas conscience, est en fait un mécanisme très archaïque. En effet, il s’agit pour le cerveau d’assurer la survie en repérant un danger potentiel.
La proprioception est donc au cœur de l’attention visuelle et de l’attention (c’est pourquoi les enfants dysproprioceptifs ont souvent des difficultés attentionnelles). Et les prismes, qui prennent en charge la rétine périphérique en redonnant au sujet une localisation spatiale correcte des stimuli visuels, montrent ainsi leur intérêt dans le cadre du traitement proprioceptif .
Source : Livre « Oeil et Bouche » des Drs Quercia et Marino, pour les informations sur la proprioception.