Le point positif pour moi, c’est qu’il me devient de plus en plus facile de trouver des articles intéressants en lien avec la proprioception (surtout en ce qui concerne le monde du sport ou de la rééducation). Il y a quelques années de ça, quand j’évoquais la proprioception, on me disait souvent « la proprioception, je n’y crois pas ! ». Comme s’il s’agissait de croyance et non de Science … J’espère que maintenant, aucun de mes lecteurs ne me dira plus : « la proprioception, je n’y crois pas ! ».
Aujourd’hui, il me suffit de faire une recherche toute simple avec « proprioception » dans les mots clefs et je tombe facilement sur des pépites. Celle-ci n’est pas en lien avec le monde du sport, mais avec celui de la musique. Quand je vous dis que la proprioception est partout !
Voici donc un article très intéressant sur la proprioception du musicien, écrit par Anne-Isabelle de Parcevaux, musicienne qui achève une formation en médecine des Arts. Je vous invite à le lire dans son intégralité ! On y apprend l’histoire de Christina, patiente qui a perdu sa proprioception. On y (re)découvre ce qu’est la proprioception, ainsi que la mémoire procédurale très lente, mais très robuste, qui nous permet de retenir et d’exécuter automatiquement des séquences de gestes (dont ceux de notre répertoire moteur), l’impact du vieillissement sur ce sens, et évidemment ce qu’apporte la proprioception au musicien.
En voici trois extraits :
Chacun de nous connaît depuis l’enfance les 5 sens par lesquels nous percevons le monde : la vue, l’ouïe, le toucher, l’odorat et le goût… L’école maternelle nous apprend à les explorer.
Nous possédons pourtant tous un 6ème sens, aussi essentiel que les cinq autres réunis : la Proprioception . Sous ce mot barbare se cache une réalité fort simple : c’est le sens qui nous permet d’avoir conscience de notre propre corps, de nous l’approprier, de le sentir évoluer dans l’espace.
Mais comment l’appréhender ? Que signifie-t-il pour nous ?
…La sagesse populaire nous dit qu’on ne réalise la valeur de ce que l’on possède que lorsqu’on le perd… Alors observons ce qui se passe si nous perdons ce sens, et écoutons le célèbre neurologue anglais Oliver Sacks nous raconter l’histoire d’une de ses patientes : Christina, dans son livre L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau, sous le titre « la femme désincarnée »
L’histoire de Christina
« Christina était une attachante jeune femme de vingt-sept ans, qui pratiquait le hockey et l’équitation. Sûre d’elle-même, robuste de corps et d’esprit, elle avait deux jeunes enfants et travaillait, chez elle, comme programmeuse sur ordinateur. Intelligente et cultivée, elle aimait la danse et les poètes du Lakeland. Sa vie était active et bien remplie. Elle n’avait jamais été malade plus d’une journée lorsque, à la suite d’une crise de douleurs abdominales, on lui découvrit des calculs biliaires. Il lui fut alors conseillé de se faire ôter la vésicule. »
Entrée à l’hôpital trois jours avant l’opération, elle fut mise sous antibiotiques, simple précaution d’usage pour préparer l’opération. La veille de l’intervention, Christina fut atteinte de symptômes étranges, elle devenait instable sur ses pieds, elle avait des mouvements gauches et désordonnés et ses mains laissaient échapper tout ce qu’elle tenait.
[…]
II. La Proprioception, fondement de la mémoire des gestes
Les scientifiques la nomment mémoire procédurale. Aussi appelée mémoire kinesthésique ou mémoire musculaire par les musiciens, cette mémoire sensorielle est l’équivalent, pour la proprioception, de la mémoire visuelle pour la vue, ou de la mémoire auditive pour l’ouïe.
La mémoire procédurale nous permet d’exécuter automatiquement des séquences de gestes. Elle nous permet de tenir sur un vélo, nouer un lacet, conduire une voiture, skier, etc…
Elle s’obtient par la pratique et la répétition.
Très lente à construire, elle est in fine extrêmement robuste. Très fiable, elle conserve ses souvenirs même s’ils ne sont pas utilisés pendant plusieurs années.
(…« c’est comme le vélo : ça ne s’oublie pas… »…)
[…]
Car elle est davantage une mémoire du « comment faire », contrôlant automatiquement, implicitement, la façon dont nous exécutons nos gestes, leur qualité et leur précision, et la fluidité avec laquelle ils s’enchaînent les uns aux autres.
IV. La proprioception, une alliée de choix pour le musicien
Nous avons à notre disposition ce capteur merveilleux qui ne tombe jamais en panne et ne se met jamais en grève : la proprioception. En nous donnant un feed-back constant sur nos sensations corporelles, elle nous permet d’apprendre à contrôler finement notre propre corps, tous nos gestes, leur ampleur, leur force, et leur précision.
A nous d’être à son écoute et de tirer un parti maximum de ses ressources.
[…]
C’est aussi la proprioception qui nous permet de contrôler notre respiration.
L’article dans son intégralité :
Ping : Pourquoi parlons-nous avec les mains ? – SensoriDys