Voici un petit article intéressant de Pour la Science concernant le lien entre les zones du langage et du mouvement dans le cerveau. Je l’ai trouvé amusant, car il m’a fait penser à une réflexion que nous nous sommes faite avec d’autres sujets dysproprioceptifs : nous avons tendance à beaucoup parler avec nos mains. Alors pourquoi ? Je ne saurais le dire, mais il y a peut-être un début de réponse dans cet article.

Extrait :
Pourquoi certaintes personnes ne peuvent-elles s’empêcher de remuer les mains en parlant ? C’est que, dans le cerveau humain, les zones du langage et celles des mouvements semblent liées. Par exemple, lorsque nous disons le mot « jeter », « prendre » ou « pousser », notre main est automatiquement impliquée de façon involontaire : la partie du cerveau qui pilote ses gestes est « préallumée » et commence à s’activer, que nous le voulions ou non. Ainsi, la plupart des verbes d’action entraînent, dans notre cerveau, une préparation de l’action de nos mains.
Dans cet article, on nous explique ensuite que le neuroscientifique Nikola Vukovic, et son équipe de l’université d’Aarhus aux Pays-Bas, ont fait une expérience pour le montrer. Ils ont bloqué l’activité de la zone cérébrale commandant le mouvement des mains à l’aide d’ondes magnétiques qui brouillent le fonctionnement des neurones et ils ont ainsi ralenti la compréhension de mots désignant des verbes d’action. Les sujets ainsi « paralysés de la main » avaient plus de mal à distinguer le sens de divers verbes d’action.
Alors, on peut se demander pourquoi certaines personnes arrivent à parler parfaitement en gardant les mains immobiles ? La réponse donnée dans l’article est la suivante :
En fait, leur zone cérébrale du mouvement des mains s’active en silence, mais sans que le geste soit réalisé pour de bon. Ce qui fait que l’activitité cérébrale est ou non convertie en mouvement, dépend de processus d’inhibition qui peuvent être plus ou moins forts selon les personnes, mais aussi selon les cultures.
En fait, c’est intéressant, car c’est le même phénomène que celui qui est observé avec les neurones miroirs.
L’article dans son intégralité : Pourquoi parlons-nous avec les mains ?
Un autre article de la même revue nous apporte aussi d’autres éléments sur le rôle des mouvements des mains :
Nous utilisons souvent des gestes lorsque nous expliquons un sujet complexe, mais nous agitons aussi nos mains lorsque nous ne faisons que bavarder. Ces mouvements spontanés des mains ne se font pas au hasard ; ils reflètent nos pensées. Les enfants qui sont sur le point de maîtriser une tâche l’indiquent par leurs gestes. Les personnes qui les écoutent tirent, souvent sans en avoir conscience, des informations de ces mouvements. Les bons enseignants ajustent leurs instructions aux gestes des étudiants, changeant leurs explications, voire leurs propres gestes. Les enfants apprennent mieux avec des instructions faites sur mesure.
Et cet article aborde aussi un autre point très important dans les apprentissages, l’importance d’encourager l’enfant à utiliser ses mains pour apprendre (ce qui permet de mettre aussi en jeu la mémoire kinesthésique, la mémoire du « faire », qui permet d’engranger de manière durable des connaissances grâce à la mémoire procédurale). Il est donc totalement contre productif d’empêcher un enfant d’utiliser ses doigts pour compter par exemple.
Les enfants utilisent naturellement leurs mains dans tous leurs apprentissages, mais on peut les encourager à le faire encore davantage, ce qui peut faire émerger des connaissances implicites, et modifier la façon dont ils tentent de résoudre des problèmes ou de réaliser diverses tâches. Les enfants maîtrisent ces tâches plus vite et se souviennent mieux de la façon de les résoudre quand ils utilisent des gestes.
L’article dans son intégralité : Les mains ont la parole
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