Aujourd’hui, contrairement à il y a cinq ans, il n’est plus rare de trouver un article consacré à la proprioception. Mais, j’ai envie de partager cet article de Sciences et Avenir, d’une part parce qu’il est très bon et ensuite parce qu’il aborde ce qui se passe quand la proprioception ne fonctionne pas correctement. Cerise sur le gâteau, il aborde la dysfonction proprioceptive, parle de Sensoridys et nous cite, voilà qui est nouveau et nous rend très fiers !
Début de cet article :
Nos cinq sens, vision, audition, odorat, goût et toucher nous connectent au monde qui nous entoure. Mais la proprioception, ce sens si peu évoqué par le savoir commun, nous permet de sentir notre propre corps.
On la qualifie très souvent de 6e sens, mais c’est peut-être bien le plus important de tous. Et on vous explique pourquoi. Comme il est étrange de qualifier de 6e sens la proprioception ! Il faudrait parler plutôt de 1er sens. Sans elle, nous ne pourrions pas nous mouvoir, nous situer dans l’espace, ressentir notre propre corps. Bref, nous ne serions capables de pas grand-chose.
Quelle définition pour la proprioception ?
Vous êtes en ce moment même en train de lire cet article, assis tranquillement face à un écran d’ordinateur ou bien debout, le smartphone à la main, dans une rame de métro. Vous connaissez de manière implicite la position exacte de vos pieds sous la table, l’inclinaison de votre buste, ou bien, vous ressentez vos efforts inconscients pour rester en équilibre quand le train arrivant à la station suivante amorce son freinage. Par quels mécanismes arrivez-vous à marcher sans regarder vos pieds, à dansez, écrire, vous saisir de tout petits objets, y compris les yeux fermés ?
Toutes ces informations et actions sont possibles pour notre cerveau, grâce à la proprioception, l’un de nos sens le moins connu, et pourtant l’un des plus importants. Nous avons ainsi la capacité de connaître à tout instant notre position dans l’espace ainsi que de nous sentir à l’intérieur de notre corps. Et cette capacité se construit grâce au dialogue incessant entre nos systèmes nerveux central et périphérique.
La proprioception est assurée par des récepteurs sensoriels appelés propriocepteurs. Ceux-ci sont présents dans tous nos muscles, notre peau, nos tendons et nos ligaments. Nos muscles oculaires, nos plantes des pieds en sont particulièrement riches. Imaginez de petits ressorts à l’intérieur de nos muscles qui renseignent constamment notre cerveau sur l’état de tension de ceux-ci. Ces capteurs sensoriels multiples font partie de ce que l’on appelle le système nerveux périphérique.
Les informations collectées par ces millions de capteurs s’ajoutent à celles qui sont engrangées par notre vision et notre système vestibulaire, autrement dit notre sens de l’équilibre. Autre repère incontournable pour notre cerveau : la gravité. Nous avons acquis depuis la petite enfance la certitude que les objets tombaient toujours dans la même direction. Et avec notre sens de l’équilibre, nous savons spontanément ce qui est vertical ou pas. Notre cerveau combine précisément toutes ces informations, intérieures, extérieures, pour dresser ce que l’on appelle un schéma corporel.
Un schéma corporel qui se construit tout au long de la vie
Le schéma corporel est la représentation mentale et sensorielle de notre anatomie, une espèce d’outil de géolocalisation en 3D de notre corps, de sa corpulence, de sa place dans un espace donné. Il nous permet de bouger avec précision, d’anticiper avant d’agir et de savoir où commence et où finit notre corps.
Il faut préciser que ce schéma corporel se construit petit à petit au cours de notre vie, et qu’il est en perpétuelle évolution. A la naissance, ce schéma est très pauvre, quasi inexistant. Le nourrisson n’est pas capable de faire la différence entre le soi et le vaste monde. C’est la répétition de gestes et d’expériences très variés qui va permettre à l’enfant de construire peu à peu la carte mentale de son corps. L’adolescence est un autre moment clé de cette construction, en plus accélérée. Avec la puberté, le corps grandit, s’étoffe, se couvre d’une pilosité. Avec ces bouleversements, la myriade d’informations proprioceptives dresse une nouvelle carte corporelle. La multiplication de nouvelles expériences (sports, sexualité, prises de risque), soit autant d’explorations du monde ou de soi apporte un degré de précision inégalée à cette carte.
A l’âge adulte, le schéma corporel est mature, mais toujours soumis à une évolution. Face à une nouvelle expérience, une nouvelle pratique sportive ou encore une prise de poids, par exemple, la proprioception change. Si un accident nous prive de mobilité, elle peut perdre en finesse, si bien qu’une rééducation sera parfois nécessaire pour restaurer la proprioception qui renvoie à la partie du corps endommagée. Le schéma se métamorphose encore et toujours.
Sans proprioception que se passe-t-il ?
L’absence ou la perte partielle ou totale de la proprioception a un impact terrible sur la motricité. Le témoignage de Ginette permet de s’en rendre compte. Cette Canadienne est déafférentée, ce qui signifie qu’elle a perdu toute sensibilité sur le corps à l’exception de la tête, probablement à la suite d’une réaction auto-immune. Elle raconte ses difficultés quotidiennes devant la caméra du documentariste Vincent Amouroux. Tant qu’elle peut contrôler du regard ses gestes, Ginette peut, en se concentrant, se saisir de petits objets, un verre, par exemple, et en boire le contenu. Mais sa dextérité manuelle déjà hésitante disparaît totalement, une fois les yeux bandés. En essayant de signer son nom, son bras dérive au-dessus de la table, incapable de se poser sur la feuille, et esquisse dans le vide la formation d’une lettre. Elle dit se sentir flotter. Elle semble expérimenter ce qu’un astronaute en apesanteur peut vivre quand il échappe à de la gravité terrestre. Le site Sensoridys, du nom de l’association de patients souffrant d’une dysfonction proprioceptive, propose un extrait de vidéo pour illustrer le quotidien d’une patiente atteinte de déafférentation.
Enfin, voici l’extrait de l’article où il est question de Sensoridys :
Mais hormis ce cas extrême, les syndromes de dysfonction proprioceptive (SDP) ou de dysperception proprioceptive sont très difficiles à repérer. Selon l’association Sensoridys, avant que les diagnostics ne soient posés, le parcours médical des patients qui en souffrent est « long et chaotique« . « Un praticien ne peut envisager un SDP que s’il trouve des atteintes, à des degrés divers selon les patients, dans les trois domaines où intervient la proprioception : la régulation du tonus postural, la localisation spatiale sensorielle et la perception multisensorielle », explique en préambule l’association sur son site. […]
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