
Je vous invite à visionner cette conférence du sociologue Stanislas Morel donnée au centre Jean Piaget. Je la trouve intéressante, même si elle peut paraître à première vue un peu provocatrice pour nous s’agissant de la partie « médicalisation de la dyslexie ». Néanmoins, Stanislas Morel montre bien que malgré une recherche extrêmement abondante depuis les années 50, il y a plus de promesses pour l’avenir que de connaissances fiables sur lesquelles pourraient s’appuyer les stratégies d’intervention dans la dyslexie. Il rejoint Marianne Jover sur le fait que le modèle catégoriel de la dyslexie est en crise, il explique que pour certains chercheurs, il devrait être abandonné car n’aurait d’autre raison d’être que l’intérêt des chercheurs et autres acteurs sociaux à le maintenir ( Nda : je me régale des petits pics qu’il envoie à un certain chercheur de notre connaissance à la fin de sa conférence). Selon lui, la logique de saucissonnage qu’on retrouve dans le DSM-5 est contestée au sein même de la recherche cognitive, certains chercheurs souhaitant s’orienter vers la recherche de mécanismes communs aux différents troubles. Dans la discussion, il évoque aussi les intérêts matériels et symboliques associés à la dyslexie :
Les professionnels du soins ont un intérêt matériel et symbolique à l’appropriation de cette catégorie de dyslexie. Il est évident que pour les orthophonistes en France, la multiplication de ces troubles représente un afflux de clientèle […]
L’avis de Sensoridys : si le modèle catégoriel de la dyslexie est en crise, c’est peut-être parce que malgré une recherche très abondante comme le montre Stanislas Morel, les chercheurs n’ont majoritairement pas regardé dans la bonne direction. Toute l’histoire de la médecine le démontre : ce sont ceux qui ont l’audace de regarder ailleurs qui sont à l’origine des plus grandes avancées scientifiques.
Alors pourquoi ne pas s’intéresser davantage à la perception sensorielle du dyslexique (et pas uniquement à son acuité auditive et visuelle) ? A sa proprioception, sa sensorimotricité, à son intégration multisensorielle ?
Une toute petit équipe de recherche travaille depuis plus de 15 ans dans cette direction en France au sein de l’U1093 INSERM CAPS, aujourd’hui soutenue par des familles qui se sont constituées en association et essaient de montrer la voie à suivre pour la recherche en disant : « il se passe quelque chose, il y a un truc qui fonctionne, c’est dans cette direction qu’il faut chercher ! »
Alors, si on les écoutait enfin ?
Sensoridys se réjouit de voir le sociologue Stanislas Morel évoquer dans sa présentation « les intérêts matériels et symboliques associés à la dyslexie ». Nous nous demandons évidemment si ceux-ci ne constitueraient pas un des freins majeurs rencontré par la prise en charge proprioceptive des troubles des apprentissages…
Peut-être les sociologues évoqueront-ils un jour le rôle des familles et des associations de patients dans l’évolution de la recherche sur la dyslexie ? Nous le souhaitons !
A suivre …
Quelques diapos marquantes :




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