Difficile à croire, mais il est possible de stimuler ses muscles par la seule pensée et donc de les faire travailler ! Et cet entraînement mental permet à des patients amputés de « prendre possession » de prothèses de nouvelle génération reliées aux muscles de leur moignon.
La recherche sur la proprioception a montré que lorsque qu’on imagine un mouvement et les sensations qu’il provoque, cela active des régions cérébrales semblables à celles mises en œuvre lors de l’exécution réelle de ce geste. Nous le faisons tous au quotidien, pour prévoir nos actions. Nous parlons dans ce cas d’« imagerie » motrice. Les sportifs utilisent ce travail mental, en complément des entraînements physique et tactique (par exemple, avant de monter sur la poutre, la gymnaste imagine précisément tous les mouvements qu’elle va réaliser). L’entraînement mental consiste à imaginer un mouvement et les sensations qu’il provoque, mais il a des applications qui dépassent largement le domaine du sport et s’invitent dans le domaine de la rééducation.
Ainsi, dans une étude réalisée en 2014, rapportée dans Science et vie, une équipe de l’université de l’Ohio a plâtré l’avant-bras de 29 personnes cobayes (non sportives) et les a séparés en deux groupes.
Les cobayes du premier groupe devaient s’imaginer qu’ils contractaient leurs muscles pendant cinq secondes, quatre fois de suite, suivi d’une minute de repos. Ils ont répété le tout 13 fois durant une séance et cela cinq jours sur sept durant un mois. Les cobayes du second groupe n’avaient aucune consigne.
Au bout d’un mois, le premier groupe n’ avait perdu que 24 % de sa force dans l’avant-bras alors que, dans l’autre, le déclin de celle-ci était de 45 % !
L’explication de ce phénomène est liée à la proprioception ainsi que nous l’indique l’article précédemment cité :
Le sens proprioceptif en action
L’explication, on s’en doute, est neurologique. Le fait de penser faire du sport stimule les cortex prémoteur et moteur qui contrôlent le sens proprioceptif (perception, consciente ou non, de la position de nos membres dans l’espace). La pensée active ainsi les récepteurs proprioceptifs et de fait excite les muscles qui se contractent (légèrement) sans aucune action physique.
Mais cet entrainement mental a aujourd’hui des applications encore plus larges, car il permet à des patients amputés de commander des prothèses de nouvelle génération, reliées aux muscles de leur moignon. Dans un article d’ Allo docteur, on voit comment Priscille, amputée du bras, apprend à contrôler un bras bionique par la pensée (je vous recommande de visionner la vidéo de l’article qui explique parfaitement cela).

Elle a d’abord subit une opération qui consistait à réactiver les nerfs de la main présents dans son moignon. En séparant les muscles, un nerf commandant la main a pu être redirigé sur l’une des deux parties du muscle. Celle-ci a désormais une nouvelle fonction : en se contractant, le muscle envoie alors un signal électrique qui provoque l’ouverture de la main bionique qui lui est reliée.
Ainsi, pour apprendre à contrôler sa prothèse par la pensée, Priscille s’entraîne chez elle et doit s’imaginer ouvrir la main, même si elle n’a plus de main (ce qui provoque la contraction de la partie du muscle du moignon vers laquelle le nerf de la main a été redirigé). L’idée est qu’ensuite le cerveau l’intègre de façon naturelle et qu’elle n’ait plus besoin de fermer les yeux pour le réaliser ; en résumé, qu’elle automatise le mouvement. Et on le sait, l’automatisme, c’est le proprioceptif 😉 .
Fascinante proprioception ! (Dont on perçoit très bien le rôle cognitif dans ces situations)
Sources :
Imaginer, c’est réussir , L’ESSENTIEL CERVEAU & PSYCHO N° 21
Peut-on se muscler par la pensée ? D’après Science & Vie QR n°24 « Le sport et la santé »
Amputée d’un bras, elle revit grâce à une prothèse bionique, par la rédaction d’ Allodocteurs, rédigé le
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