L’imagerie motrice se réfère à la capacité à construire une représentation mentale de l’action, sans produire la séquence de mouvements. Il s’agit d’une simulation mentale de l’action sans acte moteur. Le fait de penser faire une action stimule les cortex prémoteur et moteur qui contrôlent le sens proprioceptif (perception, consciente ou non, de la position de nos membres dans l’espace). La pensée active ainsi les récepteurs proprioceptifs et de fait excite les muscles qui se contractent (très légèrement) sans aucune action physique. Les mouvements réels et mentaux impliquent des zones cérébrales similaires. Cette représentation interne des mouvements, permettant leur prédiction par le cerveau, est la condition cognitive préalable du contrôle moteur. Les études sur le développement suggèrent qu’ une relation temporelle étroite entre les mouvements réels et mentaux est une caractéristique du système sensorimoteur normalement développé.
Dans l’étude que je vais vous présenter, les auteurs cherchent à savoir si les adultes dyslexiques, qui ont une atteinte des représentations phonémiques (imprécision des représentations ou difficulté d’accès), ont aussi une atteinte plus générale des représentations internes de l’action.
Pour répondre à cette question, ils ont testé 45 dyslexiques et 45 normolecteurs âgés de 19 à 24 ans avec un protocole d’idéation motrice assorti d’une étude détaillée du contrôle postural. Les sujets ont chronométré eux-même leur action qu’elle soit exécutée ou imaginée.
Les sujets normolecteurs présentaient une isochronie (durée égale) dans les deux situations exécutée et imaginée pour les épreuves de locomotion, de redressement (assis-debout), de saisie d’objet, et de répétition de phrase, ce qui atteste la robustesse de leur représentation interne de l’action (Chabeauti et al., 2012). Les acquisitions des sujets dyslexiques sont en cours.
Les comparaisons des durées d’exécution entre les deux groupes pourraient traduire un ralentissement des sujets dyslexiques, et ainsi élargir le problème de réglage temporel du contrôle phonémique au contrôle moteur. Les auteurs cherchent aussi à déterminer si cette isochronie est affectée plus spécifiquement chez certains adultes dyslexiques, présentant des troubles moteurs détectés (avec le MABC2), qui pourrait traduire un déficit plus global des représentations sensorimotrices.
On attend donc avec impatience les résultats de cette étude !
Source :
Exploration des représentations sensorimotrices chez le jeune adulte dyslexique
RebeccaMarchettiabcChristineAssaiantea