
Savez-vous que notre cerveau prend des clichés instantanés du monde qui nous entoure, à raison de 13 images par seconde? Et qu’il crée l’illusion d’un mouvement harmonieux et fondu grâce à de savants calculs neuronaux dont nous n’avons absolument pas conscience ? C’est la théorie du neuroscientifique Lionel Naccache, qui est arrivé à l’idée que notre cerveau fonctionne comme une salle de cinéma. Tout y est semblable aux salles obscures où nous avons vu défiler tant de chefs-d’œuvre : des images mises bout à bout sont mixées pour donner l’illusion du mouvement, un processus de colorisation post-production intervient pour donner des couleurs à des scènes qui n’en ont pas au début… des effets spéciaux sont utilisés pour remplir les zones aveugles de notre champ visuel sur lesquelles aucune image ne se peut se projeter à cause de contraintes anatomiques de la rétine. C’est ce cinéma intérieur, ce spectacle auquel nous assistons tous les jours par le simple fait d’être conscients, que nous allons visiter, en nous laissant guider par l’expert des lieux, Lionel Naccache.
Je vous invite à écouter ce Braincast très intéressant de Cerveau et Psycho qui interroge Lionel Naccache. Celui-ci nous explique comment le cerveau construit notre perception visuelle. Un passage nous intéresse particulièrement, c’est celui où il explique le phénomène de suppression saccadique. Lorsque nous faisons un mouvement de nos yeux, par exemple une saccade vers le côté, pendant une durée qui dure environ 200 millionième de seconde, tout ce qui se passe sur nos rétines va être coupé au montage. On ne va pas le percevoir. Entre 2 positions, la position initiale et la position finale, il y a un trou temporel que nous n’avons pas et que nous devons inventer.
Et cela nous ramène à la proprioception, qui en nous donnant la position exacte de nos yeux dans l’espace, et de notre globe oculaire dans son orbite, permet à notre cerveau de connaître l’orientation de notre regard. Si le cerveau n’est pas correctement informé de la direction de notre regard, il ne pourra pas diriger correctement nos yeux à l’endroit où se situe le stimulus visuel et il va y avoir des pertes d’information visuelle (pseudo-scotomes directionnels).
Lionel Naccache aborde aussi, rapidement, la proprioception (mais pas oculaire, dernière pièce du puzzle qui lui manque ?) et la copie d’efférence (à 25 min). Bref, dans ce Braincast, il s’approche de très près de l’hypothèse proprioceptive des troubles des apprentissages et de tout ce que nous abordons ici !
Pour l’écouter (durée 1H06), clic sur l’image :

Crédit : Image par Gerd Altmann de Pixabay