Chers enseignants,
Je comprends que les demandes d’aménagements pédagogiques, s’agissant des troubles Dys, puissent parfois vous sembler lourds, mais j’avoue ne pas comprendre que les aménagements matériels en classe, nécessaires à la réussite du traitement proprioceptif, puissent parfois poser autant de problèmes, susciter autant de crispation et de résistance. Mais, soyons objectifs et réalistes, ils ne posent problème qu’à une toute petite minorité d’enseignants, la majorité d’entre vous acceptant volontiers et tout naturellement le pupitre à l’école.
En effet, le traitement proprioceptif en lui-même n’est pourtant pas très gourmand en aménagements en classe : un pupitre, un repose-pied pour les enfants les plus jeunes, une place en face du tableau (et non assis à un îlot à 90°du tableau) et, si votre ouverture d’esprit peut aller jusque là, vous assurer que l’enfant porte bien ses lunettes à l’école, tout sera parfait !
Alors, pourquoi parfois autant de résistance autour d’un pupitre ? La question demeure pour moi un grand mystère !
Car, soyons logique, observons la manière dont nous tenons tout naturellement un livre, l’angle que nous utilisons ne vous frappe-t-il pas ?
Mon fils a eu besoin d’un pupitre en classe deux ans avant la mise en place du traitement proprioceptif, sur les recommandations de son orthoptiste qui prenait en charge son défaut de convergence des yeux. Cela n’a heureusement jamais posé de problème. Mieux, j’avais moi-même constaté, avant même que nous ayons entrepris les démarches pour avoir un diagnostic, que mon fils plaçait de lui-même une trousse sous ses livres ou cahiers quand il travaillait, en disant qu’il ne voyait rien autrement (il arrivait à nous décrire parfaitement ses difficultés visuelles, bien que nous ayons à l’époque eu bien du mal à les faire reconnaître par le monde médical très ignorant du sujet). L’orthoptiste de mon fils m’avait expliqué qu’un plan incliné serait bénéfique pour tous les enfants dans leur apprentissage de la lecture et qu’autrefois ils l’avaient bien compris.


Le bon sens d’autrefois ne semble plus de mise, sur le site du musée de l’école de Monceau les Mines , on peut lire :
«Des Instructions spéciales réglementent la construction des pupitres. Les différentes inclinaisons du plateau observées varient de 0° à 20°, bien que la grande majorité d’entre-elles se situent de 8° à 9°. Cette inclinaison moyenne est suffisante pour bien offrir le livre aux regards tout en évitant son glissement.
Si le pupitre, dans la pédagogie traditionnelle, est le support du livre et du cahier, il est aussi le support du corps de l’écolier pendant l’étude. La forme du siège et les dimensions relatives des espaces entre le plateau, le siège et le sol déterminent la bonne position du corps et doivent faciliter l’entrée et la sortie de l’élève de son pupitre. De nombreux textes du dernier quart du XIXème siècle reflètent la préoccupation d’accueillir les enfants sur un mobilier étudié pour leur taille.
La naissance d’une pédagogie tournée vers la manipulation de documents et de petit matériel tels que les jetons ou les bûchettes pour le calcul par exemple, fait évoluer les pupitres vers le plan horizontal. »
Il semblerait donc qu’on ait perdu de vue le confort visuel et du corps, au profit de la manipulation de matériel. Et c’est bien dommage…
Sur le site de Dr Jean-Pierre Lagacé, optométriste, on peut aussi lire :
« Les concepteurs de classes scolaires et les enseignants il y a un siècle avaient compris l’importance de l’ergonomie dans la classe et l’utilisation de bureaux inclinés dans un environnement d’apprentissage. Il est incroyable de voir comment quelque chose de si simple dans son concept puisse être si efficace dans son application et avoir d’énormes avantages[…]. Depuis que les bureaux plats ont été introduits à la salle de classe, les résultats en lecture ont considérablement diminué. »
Alors, la demande des praticiens proposant le traitement proprioceptif est-elle à ce point farfelue et mérite t’elle de soulever parfois autant de débats et passion ? Revenons donc à la raison…Y réfléchir de manière apaisée pourrait être bénéfique pour tout le monde !
Dans cet optique, je vous invite à visionner cette vidéo du Dr Quercia qui explique parfaitement l’intérêt du pupitre pour améliorer la vision et la posture (clic sur l’image) :

Pour terminer cette petite lettre, je voudrais vous remercier, vous les enseignants qui accompagnez avec bienveillance et sans difficulté nos enfants souffrant d’une dysfonction proprioceptive. La réussite de ce traitement dépend aussi de votre bonne volonté et soyez assurés de la reconnaissance des familles, quand tout se passe pour le mieux !
Corinne GRANDVINCENT, présidente de Sensoridys
Edit du 18/02/2021 :
Je partage ici ces commentaires de mon groupe de discussion qui nous montrent bien que tous les enseignants ne sont pas obtus et que des mairies sont prêtes à financer du matériel haut de gamme pour aider nos enfants. Comme quoi, tout est question de (bonne) volonté !

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