La question d’un lien entre l’anxiété et les troubles proprioceptifs est une question récurrente sur le groupe de discussion de Sensoridys. J’ai donc trouvé très intéressant cet article de Cerveau et Psycho :
Pourquoi l’anxiété provoque-t-elle des vertiges ?
En effet, cet article propose que la raison de l’anxiété de certaines personnes puisse être proprioceptive ou venir du fait que leur cerveau a parfois du mal à gérer la multitude d’informations sensorielles qu’il reçoit de l’environnement. Nous pouvons en effet lire :
« Dans ses études, L. Yardley a fait passer ces tests dits de posturographie à des patients souffrant de trouble panique et d’agoraphobie. Elle a montré que les patients ont des difficultés à contrôler leur posture. Depuis ces premiers travaux datant du début des années 1990, plusieurs équipes ont confirmé que les patients anxieux réussissent moins bien ces tests de posturographie dynamique ; pourtant, dans la plupart des cas, les patients ne souffraient d’aucune pathologie vestibulaire.
Ainsi, on a proposé que les symptômes de vertiges des patients agoraphobes seraient liés à un déficit visuel ou proprioceptif de maintien de l’équilibre ou de l’orientation. Mais plus qu’une dominance de telle ou telle modalité sensorielle, il est probable que la vulnérabilité anormale à la déstabilisation lors des conflits sensoriels dépende d’un traitement anormal de l’intégration des informations multisensorielles. Le cerveau des patients anxieux ne serait pas capable de résoudre correctement les conflits sensoriels. »
Pour rappel, le 11° point du questionnaire d’orientation du syndrome de dysfonction proprioceptive est :
« Sensation d’inconfort au milieu de la foule »
Bingo !
Ceci dit, quand on a compris la notion de dysproprioception, le lien anxiété/dysproprioception me semble tellement évident ! Alors que le patient souffrant d’une dysfonction proprioceptive n’en a pas conscience lui-même, son cerveau sait parfaitement que les informations sensorielles qu’il reçoit ne sont pas concordantes. Et son rôle à lui, c’est d’assurer la survie. Alors, dans les situations où les stimuli sensoriels sont trop nombreux, dans les situations où les conflits sensoriels sont trop importants, le cerveau envoie le signal : fuir la situation !
Une bonne dose d’anxiété et le sujet va essayer d’éviter les situations qui provoquent cet inconfort, mais lui ignore pourquoi. On va lui dire que c’est psychologique, qu’il manque de confiance en lui (pour sûr, quand le cerveau ne peut faire confiance à ses retours sensoriels !), etc. Alors que c’est tout simplement physiologique !
Un autre passage de cet article est aussi très intéressant, car il évoque les conflits sensoriels mettant en jeu l’audition en plus de la vision, ceci n’étant pas sans nous rappeler l’étude toute récente réalisée par le Dr Quercia sur l’intégration multisensorielle altérée et les conflits audiovisuels chez l’enfant dyslexique (et donc dysproprioceptif).
En outre, dans une étude en réalité virtuelle, nous avons établi que les patients agoraphobes souffrent plus qu’un groupe contrôle de l’ajout d’informations spatiales auditives. Nous avons comparé des séances de navigation dans une ville virtuelle, selon trois conditions : environnement uniquement visuel ; uniquement auditif ; ou à la fois visuel et auditif. Chaque condition était interactive : le sujet, équipé d’un capteur de position de la tête, bougeait pour s’orienter dans le monde virtuel, où il devait trouver des cibles (le cinéma, le parc…).
L’environnement virtuel est d’autant plus « réel » qu’il est à la fois visuel et sonore (comparé à l’environnement uniquement visuel). Mais nous avons constaté que les patients anxieux sont perturbés dans ce monde sonore et visuel : ils sont moins efficaces que les sujets contrôles pour s’orienter et trouver les cibles. De surcroît, ces patients présentent plus de symptômes de mal des transports dans cet environnement que dans la condition de simulation seulement visuelle ou sonore.
En conséquence, les patients anxieux sont « vulnérables » aux informations sensorielles. Quand ces dernières sont trop nombreuses, ils ont des difficultés à les traiter, se sentent gênés et diminuent leur attention pour sélectionner soit les sensations visuelles, soit les sensations sonores. Et si un décalage, de l’ordre de quelques dizaines de millisecondes (imperceptible consciemment), existe entre la scène visuelle et le rendu sonore, les patients sont gênés par le conflit sensoriel, source probable de leur malaise.
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L’article dans son intégralité : là.
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