Nous voyons régulièrement ici que la manière dont nous percevons notre corps dans son environnement, notre perception, est une construction de notre cerveau. Celui-ci choisit parmi la multitude d’informations qu’il reçoit de nos sens, celles qui lui sont utiles pour construire une perception cohérente de notre corps et du monde qui nous entoure. Non seulement il choisit les informations sensorielles qui sont utiles à l’action en cours ou à venir, mais il les manipule pour qu’elles soient synchrones. Une de ces astuces cérébrales est la recalibration temporelle, qui manipule notre perception du temps pour améliorer notre impression de synchronisation entre les sons et les images qui se présentent à nous. Une nouvelle étude de l’université de McGill révèle que « cette recalibration active repose sur des signaux cérébraux qui s’adaptent constamment à notre environnement sensoriel pour échantillonner, ordonner et associer entre eux les signaux multi-sensoriels que nous recevons« .

Extraits :

Nous apprenons tous à l’école secondaire que la lumière et le son voyagent à des vitesses très différentes. Si Ie cerveau ne pouvait tenir compte de cette différence, il nous serait très difficile d’identifier la source d’un son, ou de comprendre comment des bruits sont en rapport avec ce que nous voyons.

En fait, et comme bien souvent, notre cerveau nous joue des tours en nous faisant percevoir un son et un object visuel comme synchornes bien que leurs signaux physiques voyagent à des vitesses différentes et que nos circuits cérébraux les traitent à des vitesses également très différentes.

Une de ces astuces cérébrales est la recalibration temporelle, qui manipule notre perception du temps pour améliorer notre impression de synchronisation entre les sons et les images qui se présentent à nous. […]

Les données de cette étude ont confirmé que ce nouveau modèle d’intégration dynamique explique comment la perception de simultanéité audio-visuelle propre à chacun est due à des ajustements flexibles de quelques dizaines de millisecondes des ondes cérébrales rapides qui créent ces fenêtres sensorielles. Dans le spectre de l’autisme ou les troubles du langage, le traitement des informations sensorielles, notamment auditives, est perturbé. […]. Les mécanismes neurophysiologiques de recalibration temporelle pourraient être affectés dans ces syndrômes; leur découverte ouvre donc de nouvelles pistes de recherche prometteuses.

La conclusion du chercheur est aussi très intéressante :

« Ces résultats mettent à jour de nouveaux mécanismes qui permettent au cerveau de s’adapter et de faire des liens entre les informations sensorielles dont nous sommes bombardés en permanence» d’après Sylvain Baillet, chercheur au Neuro et directeur de l’étude. « Pour faire sens de nos environnements complexes, y compris en situation d’interactions sociales, nos circuits cérébraux usent en permanence de mécanismes physiologiques qui permettent de mieux anticiper et de prédire la nature et la temporalité de nos stimulations sensorielles. Cette capacité participe à notre résilience contre l’imprévu et à la construction de représentations mentales de notre environnement. »

Je vous invite donc à lire cette acticle sur le site de l’Université McGill :

Une nouvelle étude démontre comment notre cerveau synchronise nos perceptions auditives et visuelles

Pour ma part, je constate que le cerveau doit faire une « gymnastique incroyable » pour synchroniser le son et l’image, et il est donc nécessaire qu’il puisse situer correctement, de manière concordante et synchrone, la position de ces stimuli sensoriels dans l’espace grâce à la proprioception, pour pouvoir ensuite les traiter correctement.

Crédit : Image par Evgeni Tcherkasski de Pixabay