Temps d’écran et développement des fonctions cognitives chez le nourrisson

Une étude publiée dans la revue  JAMA Pediatrics s’est intéressée à l’impact du temps d’écrans des nourrissons sur le développement de leurs fonctions exécutives et leur attention. Pour les auteurs de cette étude, les preuves s’accumulent pour démontrer l’association entre utilisation d’écrans chez les nourrissons et résultats cognitifs négatifs, en lien avec l’attention et les fonctions exécutives.

Cette recherche a examiné les données de la cohorte GUSTO comprenant des femmes de tous les milieux socio-économiques enrôlées dans cette étude au cours de leur premier trimestre de grossesse, puis les chercheurs ont suivi leurs enfants pendant les neuf premières années de leur vie. L’échantillon qui a servi à cette étude était composé de 437 enfants qui ont effectué des visites neurodéveloppementales à l’âge de 12 mois et 9 ans : des évaluations objectives des fonctions exécutives ont été réalisées à l’aide de l’évaluation neuropsychologique du développement (NEPSY-II), des scores attentionnels et du contrôle exécutif ont été obtenus auprès des enseignants. Un sous-ensemble de 157 enfants a subi des électroencéphalographie (EEG) à l’âge de 18 mois, pour observer les voies neurales de ces fonctions cognitives dans le cerveau. Les parents ont également rapporté le temps d’écran de chaque enfant à l’âge de un an, le temps d’écran moyen quotidien à cet âge était de 2,01 heures.

L’utilisation d’écrans chez le nourrisson a ainsi été associée à une activité EEG corticale altérée avant l’âge de 2 ans. De plus, les marqueurs EEG identifiés ont montré qu’il existait bien une association entre le temps d’écran du nourrisson et la qualité des fonctions exécutives et de l’attention à l’âge de 9 ans.

Pour rappel, les compétences de fonctionnement exécutif rassemblent les processus mentaux qui « nous permettent de planifier, de concentrer notre attention, de nous souvenir des instructions et de jongler avec succès avec plusieurs tâches », comme le précise le Harvard University Center on the Developing Child.

Pour les chercheurs, des recherches supplémentaires et urgentes sont nécessaires pour déterminer s’il existe d’autres facteurs dans l’environnement de l’enfant qui le prédisposent à la fois à plus de temps passé devant un écran et à un fonctionnement exécutif plus faible.

Note de Sensoridys : les résultats de cette étude ne nous étonnent pas, nous savons que le mouvement, et donc la proprioception, sont indispensables à la construction du schéma corporel et qu’une sous-utilisation de la sensorimotricité peut entraîner des déficits en cascade qui affectent l’ensemble des apprentissages. Et d’après Christine Assaïante, les représentations internes du corps en mouvement, qui assurent une motricité efficace et harmonieuse, sont en lien avec la mise en place des fonctions exécutives telles que l’anticipation, l’adaptation, l’apprentissage :

En conclusion, nous savons que le tout petit enfant construit son cerveau, ses connections neuronales, au travers de sa sensorimotricité, grâce à des interactions réelles avec son environnement et avec les personnes qui prennent soin de lui. Il n’est pas surprenant de constater qu’un temps d’écran trop important à cet âge, volé à ces interactions si essentielles pour son développement, s’avère délétère pour son fonctionnement cognitif.


A lire aussi : Les effets des écrans sur le développement psychologique des très jeunes enfants : que nous apprennent les recherches récentes ?  Editorial – E. Gentaz, ANAE N° 173, 2021

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6 réflexions sur “Temps d’écran et développement des fonctions cognitives chez le nourrisson

  1. Soyez Evelyne

    Bonjour Madame, vous pensez bien que je ne peux que réagir positivement aussi bien aux différents articles qu’à votre commentaires.
    J’aurai bien d’autres éléments à ajouter (je travaille en lien avec Christine Assaillante) . il faut qu’on arrive à trouver un moment propice

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    1. Avec plaisir, je suis très intéressée par les travaux de votre laboratoire. J’étais entrée en contact l’année dernière avec Christine et une de ses doctorantes sur un autre sujet, mais je n’ai plus eu de nouvelles et n’ai pas encore eu le temps de les recontacter. Si vous souhaitez apporter des compléments d’information sur le sujet des écrans et la sensorimotricité, je suis aussi preneuse. Je sais que le sujet des écrans « dérange » les familles (et leurs associations) qui se sentent culpabilisées et qui préfèrent écouter certains chercheurs cognitivistes qui les rassurent. Il ne s’agit pourtant pas de culpabiliser des familles ignorantes du sujet, mais au contraire de les mettre aujourd’hui en garde sur les graves conséquences d’un usage important des écrans chez le nourrisson. Je pense qu’il y a maintenant suffisamment de connaissances dans le domaine de la sensorimotricité pour expliquer les conséquences possibles de cet usage dans cette population. J’ai du mal à comprendre qu’il n’y ait pas plus de vulgarisation et de pédagogie sur le sujet. Je serai ravie de vous permettre de vous exprimer de la manière que vous souhaitez (écrit, visioconférence). Et même si cela dérange un peu, ce n’est pas grave. Sensoridys n’a pas pour mission d’être consensuelle. Si vous voulez en discuter avec moi par téléphone ou en visio, ce sera avec grand plaisir.
      Corinne Grandvincent

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      1. Evelyne Soyez

        Bonjour Madame, Nous avions décidé de nous téléphoner . Il faudrait que nous ne tardions pas à organiser cette rencontre, car j’ai un pépin de santé nécessitant une hospitalisation à partir du 28 Février. Qu’n pensez vous ? Bonne journée à vous

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  2. Ping : Grandir avec les écrans  – SensoriDys

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