
J’ai déjà abordé à plusieurs reprises ici le sujet des maladies neurodégénératives, comme Alzheimer et Parkinson. Nous avons vu à quel point il est important de garder une activité physique et une sensorialité de qualité pour retarder la survenue des symptômes tant physiques que cognitifs. Nous avons notamment vu l’importance du mouvement, de la proprioception, pour entretenir le schéma corporel qui s’altère avec l’âge. Par ailleurs, de plus en plus d’articles font aussi un lien entre apnées du sommeil et maladie d’Alzheimer.
Evidemment, tous ces éléments m’amenaient à m’interroger sur le lien entre dysfonction proprioceptive et maladies neurovégétatives, puisque nous savons que celle-ci à un impact sur la sensorimotricité, le schéma corporel, l’intégration multisensorielle, la perception sensorielle, et certainement sur le sommeil en raison de troubles respiratoires présents durant celui-ci.
Voilà que j’ai obtenu confirmation de mes doutes en écoutant cette conférence donnée par Claire Mayor au Centre Jean Piaget : « Troubles neurodéveloppementaux : facteurs de risque, profils neurocognitifs et trajectoires de l’enfance à l’âge adulte ». En s’appuyant sur une étude de Seintan, PLoS One 2015, Claire Mayor nous explique que les antécédents de troubles des apprentissages sont très fréquents dans certaines pathologies neurodégénératives. Elle montre qu’il y a bien un lien entre le trouble neurodéveloppemental (TND) et la probabilité de développer une problématique dégénérative, les TND sont un facteur de risque prédominant pour le développement d’une maladie dégénérative. Or nous savons qu’une dysfonction proprioceptive peut être à l’origine de troubles dits neurodéveloppementaux.

On peut regretter que Claire Mayor s’intéresse essentiellement à l’aspect neuropsychologique dans les TND, même si elle aborde de manière très intéressante le traitement auditif, particulier dès la naissance, des enfants à risque de dyslexie (facteur de risque, mais non causal de la dyslexie).
En omettant de s’intéresser à toute la sensorialité des sujets présentant des troubles neurodéveloppementaux, et notamment à leur proprioception, le monde de la neuropsychologie passe à côté d’une dimension qui est pourtant maintenant bien connue dans les maladies neurodégénératives. On peut faire le même constat s’agissant du sommeil pour lequel des études commencent à montrer un lien entre apnées du sommeil et maladies neurodégénératives. Ne prendre en compte que le cerveau, en oubliant ce qui le nourrit (ses sens), et ce qui l’entretient et participe à sa construction (le sommeil), c’est passer à côté de dimensions essentielles de notre fonctionnement cérébral.
En conclusion, il me paraît urgent de développer la prise en charge proprioceptive des troubles des apprentissages, non seulement pour aider les enfants dans leur scolarité, mais aussi pour leur éviter, une fois arrivés à l’âge adulte, de vieillir plus mal que la population générale. (NDA : Idem pour la prise en charge des adultes souffrant d’une dysfonction proprioceptive, même si leur moindre plasticité cérébrale rend la reprogrammation proprioceptive moins efficace).
La conférence de Claire Mayor visible sur la chaîne Youtube du Centre Jean Piaget, avec les moments marquants suivants :
- A 19mn 30 : traitement auditif du dyslexique
- a 43 mn 30 : TND et facteur de risque du vieillissement
Lire aussi :
- https://sensoridys.fr/2020/12/27/alzheimer-sensorialite-et-cognition/
- https://sensoridys.fr/2020/07/26/sensorialite-et-cognition/
- https://sensoridys.fr/2020/01/13/parkinson-et-proprioception/
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